La Cigogne blanche « Porrentruy » a rejoint sa première zone d’hivernage

Parti d’Heimbockel, dans le nord de l’Allemagne, le 5 septembre 2021, le grand échassier est arrivé le 22 septembre dans la région de Pinto (Madrid), après un périple de 2’400 km en 17 jours de migration.

« Porrentruy » a transité par les Pays-Bas, la Belgique et la France pour gagner finalement l’Espagne et la même décharge publique dans laquelle elle avait passé les mois de septembre et octobre 2020, avant de se rendre un peu plus tard au nord, dans la banlieue de Madrid pour y passer tout l’hiver 2020-2021.

Des étapes importantes

Au cours de sa migration postnuptiale 2021, la cigogne ajoulote a effectué 14 vols successifs, entrecoupés de 3 jours de repos. Les distances journalières parcourues sont les suivantes : 5x moins de 50 km, 5x de 100 à 200 km, 2x de 200 à 300 km et 4x de plus de 300 km dont une étape de 350 km pour franchir les Pyrénées.

Passage au-dessus des Pyrénées

Grâce à sa balise ARGOS, nous suivons la migration de « Porrentruy » en détail. Ainsi, partie le 20 septembre après 8h de Bretagne-de-Marsan, dans les Landes (F), elle a traversé d’une traite la chaîne des Pyrénées pour se rendre en Espagne. Elle est arrivée le même jour à Mallen (Zaragozza) où elle a passé la nuit.

A cette saison de l’année, de nombreux ornithologues observent la migration au sommet de certains cols pyrénéens, notamment celui d’Organdidexka, situé non loin du village de Larrau. Ces observateurs sont des amateurs venus là pour voir passer les oiseaux et profiter d’un spectacle remarquable. D’autres sont des professionnels de la LPO-Aquitaine. Ils comptent les oiseaux migrateurs et ceci depuis de nombreuses années.

Grâce à sa balise, nous savons que la Cigogne blanche « Porrentruy » a passé à Orgambidexka le 20 septembre dans l’après-midi. Nous avons donc pris contact avec la LPO-Aquitaine pour savoir si des Cigognes blanches avaient été observées sur le col à cette date. Notre collègue Jean-Paul Urcun nous a répondu de suite que seules 3 Cigognes blanches avaient passé le col le 20 septembre et ceci à 15h48. Vu les conditions météorologiques, la présence de bagues ou de balises sur les oiseaux n’a pas été remarquée, mais la probabilité que «Porrentruy » était l’une de ces 3 cigognes est très élevée. Comme « Porrentruy » semble avoir un caractère à part, puisqu’elle ne fait pas généralement ce que font les autres cigognes, le fait de voyager en petit groupe plutôt qu’en ribambelle lui correspond bien.

Retour aux mêmes sources de nourriture

En gagnant à nouveau la décharge contrôlée de Pinto (Madrid), « Porrentruy » s’assure une source de nourriture garantie, puisque des camions de détritus viennent en permanence déverser les ordures de la capitale, des villes et des villages de la région. Sur place, pour avoir visité au printemps 2019 des décharges similaires, ailleurs en Espagne et au Portugal, c’est un bal perpétuel d’oiseaux qui tournent dans le ciel. Des milliers de goélands et de corvidés, ainsi que de très nombreuses cigognes fréquentent ces sites journellement. Pour ne pas médiatiser ces endroits peu ravigotants, qui sont d’habitude situés dans l’arrière pays et pas près des beaux hôtels situés en bordure des plages, les sites de dépôts sont entourés de clôtures et l’accès y est interdit. Pour s’y rendre, une seule route y conduit et à l’entrée du site, il faut montrer patte blanche en franchissant une porte gardée. Tout journaliste ou ornithologue possédant un appareil photo est systématiquement banni de ces endroits.