Ce sont une vingtaine de bruntrutaines et bruntrutains qui ont répondu à l’invitation du Conseil municipal de Porrentruy pour une visite de notre partenaire depuis plus de 10 ans : la ville de Aesch, aux portes de Bâle. La délégation était accompagnée par Monsieur le Maire Pierre-Arnaud Fueg,  le conseiller municipal Pierre-Olivier Cattin et le chancelier François Valley. Les premiers à avoir noué des contacts sont les membres de l’Association des guides qui en 2007 avaient prévu de célébrer le 400é anniversaire de la mort du prince-évêque Jacques Christophe Blarer de Wartensee survenue en 1608. Celui-ci avait été élu à la dignité épiscopale par le chapitre cathédral, siégeant pour l’occasion à Delémont, en 1575. Ses principaux objectifs d’alors étaient la recatholicisation  de son évêché, plus de la moitié des paroissiens étaient passés à la nouvelle religion : la Réforme ; la mise à jour des finances  dans un très mauvais état et l’ouverture d’une école pour les jeunes gens qui devaient se rendre à l’université de Bâle, lieu tenu par des réformés.

Un guide de l’association, Robert Piller, habitant Arlesheim, mais avec des origines ajoulotes, informa ses collègues que la famille Blarer vivait toujours à Aesch. Effectivement, le prince-évêque Blarer avait nommé son frère Wolgang Dietrich, en 1583, en qualité de bailli de Pfeffingen et ses descendants vivent encore aujourd’hui à Aesch.

Cette rencontre avec la famille Blarer et une partie du Conseil communal de Aesch déboucha sur  une entente parfaite. La famille Blarer a été très honorée, et même très surprise, que des personnes de langue française habitant à 50 km de Aesch s’intéressent à leur illustre descendant. L’Association des guides mis sur pied un spectacle du Faubourg de France au château et une exposition, français – allemand, à l’Hôtel-Dieu. Cette exposition a également été présentée à Aesch pendant 40 jours, plus de 800 visiteurs ont pris conscience de l’histoire de la famille Blarer au 16e siècle.

Un soleil radieux nous attendait à Aesch. A 10 heures nous fûmes accueillis pour une délégation du Conseil communal de Aesch et en particulier par Madame le Maire Marianne Hollinger et Madame la Conseillère communale Evelyne Sprecher. Après les souhaits de bienvenue, les participants ont visité le magnifique musée de la commune de Aesch ainsi que les bâtiments communaux. Une partie de l’administration communale se trouve dans l’ancien château ayant appartenu à la famille Blarer. Le château fut vendu à la commune de Aesch en 1851, des classes d’écoles s’y établir puis avec l’augmentation de la population l’administration s’y installa.

Après la pause-café, toute la troupe se rendit au château d’Angenstein. Ce château fort médiéval date de la fin du 13e siècle. Son nom vient de l’ancien allemand “enger Stein”, signifiant pierre étroite. Il est la possession de plusieurs familles nobles : les Münch, Thierstein, puis est vendu au prince-évêque de Bâle en 1517. En 1551, le prince-évêque de Bâle, Melchior de Lichtenfels, résidant alors à Porrentruy, le donnera à son chancelier Wendelin Zipper. Au cours des siècles, le château subit le tremblement de terre de Bâle en 1356, un incendie en 1494 et en 1517 au cours duquel tous les occupants périrent. Après cette dernière catastrophe qui a détruit l’intérieur du donjon, cette partie ne fut jamais reconstruite. En 1557, Wendelin Zipper fit construire une chapelle que nous admirons encore aujourd’hui avec des vitraux fabriqués dans une entreprise en Bavière. Les originaux se trouvent au Musée historique de Berne. Ce sont donc des copies, elles représentent la naissance du Christ, la Nativité,  la crucifixion, le Vendredi-Saint et la venue du Saint-Esprit sur le Christ et les apôtres, Pentecôte.

Aujourd’hui, le château est toujours habité, il a été complètement restauré dans les années 1990-91.

Les murs ont une hauteur de 16 à 19 m et une épaisseur de 2m, mais le donjon est une coquille vide ! Le locataire, également architecte à la ville de Aesch, nous a préparé un petit apéritif très sympathique dans le donjon.

En 1941, l’armée suisse construisit un bunker avec canon dans le sous-sol du château. Ce fort descend même au niveau des rails de chemin de fer. Vis-à-vis se trouve également un fort muni d’un canon, les deux fortifications se protégeant l’une l’autre.

La ville de Aesch compte un peu plus de 10’000 habitants, c’est une ville avec beaucoup de maisons individuelles ou en rangée. Des entreprises de pointe occupent la zone industrielle : l’entreprise des génériques Mepha, BWT qui construit des machines pour une purification de l’eau à 100 %, Schmidlin TSK qui est spécialisé en construction de façades en verre. Il existe également une école privée internationale, elle est fréquentée par les enfants d’employés étrangers de la chimie bâloise. L’instruction se déroule en anglais.

Après la découverte de cette ancienne forteresse médiévale, nous avons eu  une deuxième surprise : le Tschaepperli, une vigne appartenant à la famille Blarer. Le propriétaire, Dieter von Blarer et  le couple de vignerons Madame et Monsieur Bänninger nous ont accueillis dans le domaine du Tschaepperli.

Cette vigne se trouve dans la Klus, en direction ouest de la ville, dans une petite vallée remplie de vignerons. Le Tschaepperli  s’étend sur 3,5 ha avec  une production de 20 à 25’000 bouteilles par année. Le viticulteur depuis 30 ans, Ulrich Bänninger, s’occupe également de 85’000 bouteilles en provenance d’autres viticulteurs de la Klus. La capacité de la cave est de 85’000 litres dans des cuves en acier et de 15’000 litres en fûts de chêne.

Le plant de vigne planté en 2009 à l’occasion de la création du partenariat Porrentruy-Aesch n’a pas résisté au froid de ce printemps, comme l’ensemble du vignoble détruit à 100 %.

Le repas a été servi à la Bergerhütte, dans la forêt communale, par un boucher de Aesch. Au menu grillades, salades et dessert : la tourte de Aesch. En 2007, l’Association des guides se trouvait déjà dans ce lieu. Quelques membres emmenés par Eliane Chytil avaient composé un chant sur l’air de « Auprès de ma Blonde » : Auprès de mon Prince. Pour l’occasion quelques participants ont repris le chant avec un petit changement de texte : « Auprès de Marianne ».

Pour la digestion, il était prévu de découvrir le dolmen de Aesch. Malheureusement, un orage a éclaté et il ne nous a pas été possible de faire cette petite excursion. C’est un alignement des bases de 17 pierres formant une chambre mortuaire de 4 m sur 3m. La hauteur initiale se situe aux environs de 4 m de hauteur. La chambre devait être recouverte de dalles de pierre. C’est peut-être la fosse commune d’un clan entier. On a retrouvé des restes d’os et en particulier des dents de 14 enfants et 33 adultes, il y avait également des dents d’animaux et des amulettes. La découverte a eu lieu en 1907. En 1993, l’ETH de Hönggerberg de Zürich a daté au carbone C 14 l’âge de ce dolmen vieux de 4’400 ans, soit 2’400 avant J-C.

La dernière visite de la journée a été consacrée à la Wein Galerie de Aesch. Ce magasin est spécialisé en gin, wodka, whisky et bourbons, mais également dans les vins de la région.

Après beaucoup de fraternisation et de convivialité, il était temps de revoir Porrentruy.